Bichonner les abeilles comme des reines

12/10/2021

François Cabaret relève les hausses de miel au Bois des Hâtes.

Depuis 2018, la Ville de Tours produit son propre miel au centre de production horticole du Bois des Hâtes, où une dizaine de ruches abritent quelque 500 000 abeilles.

 

Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, disons que les apiculteurs ont le bourdon en cette fin d’été. Le froid, la pluie et le yoyo des températures ont provoqué un effondrement des colonies d’abeilles, déjà fragilisées par les pesticides employés dans l’agriculture intensive, les frelons et le varroa, un acarien destructeur.

 

« La pluie a lavé les fleurs de leur pollen. Les abeilles sont retournées dans les ruches, elles ont “désoperculé”, et mangé leur propre miel en cours de fabrication », déplore Bertrand Sauvage, responsable du pôle ressources végétales à la Ville de Tours. Conséquence de cette météo capricieuse : une récolte de printemps anéantie et un miel d’été en quantité infime.

 

 

 

Photos © Ville de Tours et François Lafite

Sept ans pour devenir un bon apiculteur

 

Pourtant, Philippe Grall, agent apiculteur, et François Cabaret, responsable du centre de production horticole, ne ménagent pas leurs efforts pour bichonner leurs reines et leurs ouvrières : « un travail assez physique, qui nécessite beaucoup de temps, d’observation, de savoir-faire et un suivi sanitaire régulier. Travailler avec du vivant, c’est délicat. On dit qu’il faut sept ans pour devenir un bon apiculteur ! ».

 

Afin de favoriser la pollinisation, différentes essences d’arbustes et variétés de fleurs très mellifères ont été plantées à proximité du rucher. Leurs floraisons,étalées de février jusqu’en octobre, garantissent un bon garde-manger aux butineuses : noisetiers, pommiers, sureaux ou tilleuls offrent leur précieux nectar tout au long de l’année. « Avec les lierres et les ronces que nous laissons pousser, les bandes de phacélie et toutes les vivaces, c’est un peu le paradis des abeilles ici, poursuit François Cabaret. En plus, on a la chance d’être à proximité e la forêt où poussent des châtaigniers, chênes ou charmes qui sont une source importante de pollens, sans pesticide bien sûr ».

François CABARET au Bois des Hâtes

Ruches au Bois des Hâtes

Philippe Grall extrait le miel.

Participer à la sauvegarde des abeilles

 

Directeur du service patrimoine végétal et biodiversité, Olivier Massat insiste sur la nécessité impérieuse de sauvegarder des abeilles, qui sont menacées d’extinction : « nous avons mené une analyse qui prouve que le développement de l’apiculture en milieu urbain à Tours ne menaçait pas les autres espèces pollinisatrices présentes sur notre territoire et que notre démarche était bien écologiquement positive. Il est indispensable de conserver un équilibre naturel entre les abeilles sauvages et domestiques, sans créer de concurrence ».

 

Depuis 2018, les abeilles du Bois des Hâtes ont produit en moyenne 200 pots de 250 grammes par an. Une récolte complétée par celle de quelques apiculteurs amateurs qui ont installé leur rucher sur les sites de Marmoutier et du château d’Azay-le-Ferron (propriété de la Ville). Symbole de douceur et de longévité, ce miel est offert aux futurs jeunes mariés. Une façon pour la Ville de contribuer à leur « lune de miel »… tout naturellement.

Les ruches de Frans Martinot sur le site de Marmoutier.

Frans Martinot apiculteur amateur sur le site de Marmoutier.

Frans Martinot apiculteur amateur sur le site de Marmoutier.

© Ville de Tours - V. Liorit

« Les insectes pollinisateurs, dont les abeilles font partie, sont indispensables dans la reproduction des plantes et des arbres fruitiers. Quand on sait que 75 % de la production mondiale de nourriture dépend de ces pollinisateurs, leur protection constitue un enjeu écologique majeur. En installant des ruchers et en favorisant la biodiversité sur son territoire, la Ville contribue ainsi à la sauvegarde des insectes ».

 

Betsabée Haas, adjointe au maire déléguée à la biodiversité et la nature en ville