Mobilisés contre la précarité
La Ville de Tours et son CCAS sont mobilisés pour soutenir les personnes en difficulté.
Tour d’horizon non exhaustif de quelques sujets qui font l’actualité de cet hiver.
Installé l’hiver 2021 sur l’ancien camping quai Marmoutier mis à la disposition de l’association Entraide et Solidarités par la Ville de Tours, le projet « La maison », financé par l’État, est un lieu de vie innovant permettant à des personnes volontaires sans domicile fixe une transition douce entre la rue et un logement. La préfète d’Indre-et-Loire avait accordé l’autorisation d’occupation de ce terrain situé en zone inondable pour une durée d’un an, temps nécessaire pour trouver une solution plus adaptée. Dès janvier 2023, « La maison » sera relocalisée sur les terrains SNCF, rue Édouard-Vaillant. « Nous avons fait du porte-à-porte début novembre auprès des riverains pour expliquer, communiquer et lever les peurs avec Anne Bluteau, adjointe au quartier de Tours-est, Marie-Pierre Cuvier, conseillère déléguée au droit au logement, et Éléonore Aubry, conseillère déléguée à la ville accueillante, rappelle Marie Quinton, adjointe déléguée à la lutte contre les exclusions. À Sainte-Radegonde, nous n’avions pas constaté de nuisances ni de détériorations sur place. »
« La maison » peut accueillir 20 personnes dans des tiny-houses (micro-maisons sur roues) ou des caravanes. Ces « grands exclus » ont un long parcours de rue et n’ont pas bénéficié de démarche d’insertion par le logement. Avec « La maison », ils ont un accompagnement dans leurs démarches administratives, d’insertion professionnelle et d’accès aux soins. Trois éducateurs sont présents au quotidien.
L’équipe se compose également d’un travailleur social référent, d’une responsable et de deux veilleurs. Ils restent toute la nuit pour assurer la tranquillité du site et veiller au respect des règles de vie commune sur le site et dans la ville.
Le Guide des premières nécessités
Le CCAS de Tours a actualisé un guide destiné à l’ensemble des personnes qui vivent dans la précarité. Initié par la SNCF, Entraide & Solidarités, Émergence et l’État, il recense les services proposés autour des thématiques essentielles : se nourrir, se vêtir, se laver, avoir un toit, se soigner, trouver les toilettes publiques, accéder à ses droits, se domicilier, trouver un accueil temporaire pour son animal, accéder au wifi public, etc. Le guide est édité en français, en anglais et en arabe. Il est accessible sur le site du CCAS.
Nuit de la Solidarité
La deuxième Nuit de la solidarité se déroulera le 26 janvier et mobilisera plusieurs dizaines de volontaires (ils étaient 230 en 2021) pour recenser les sans-abri et leur proposer une solution.
Il s’agit d’une démarche nationale pilotée par la Délégation Interministérielle à l’Hébergement et à l’Accès au Logement (DIHAL) qui mobilise des volontaires, des associations, la Ville, la Métropole, l’État...
En 2021, les partenaires ont pointé des besoins : fournir des protections périodiques pour les femmes, créer une bagagerie, proposer un service sécurisé de coffre-fort numérique pour permettre aux personnes de conserver leurs documents administratifs ou personnels et y accéder via internet, etc. Pour venir en aide aux plus précaires en matière d’aide alimentaire, les initiatives se multiplient. Le réseau associatif à Tours est dense. Et si le Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) n’observe pas de hausse marquée des demandes d’aide alimentaire dans ses services, celles-ci augmentent fortement dans les associations. Notons l’action « TIPI » (Tente d’Intervention Pour Invendus) du centre social Plurielles sur le marché Saint-Paul au Sanitas, le mardi et le vendredi. L’association s’installe à la fin du marché, collecte des invendus auprès de commerçants généreux et prépare 30 à 40 paniers remis gracieusement et sans conditions aux habitants. Les denrées non consommables sont remises à l’association « Les Vers de Tours » pour en faire du compost.
L’aide au paiement de loyers
En première ligne pour venir en aide aux plus précaires, le CCAS note une « explosion » des demandes d’aides à la suite
des impayés de loyers : + 192 % au 3e trimestre 2022 par rapport à 2021. Cette année, les services s’attendent à ce que le montant des aides atteigne 30 000 € au dernier trimestre 2022 (18 000 € en 2021). Le budget a heureusement pu être abondé cette année de 25 000 € grâce au dispositif Logement d’Abord, porté par l’État. « Nous répondons présent pour venir en aide mais nous agissons également en amont pour apprendre à bien gérer un budget, explique Rachel Moussouni, adjointe déléguée à l’action sociale. Le Point Conseil Budget donne des conseils pragmatiques simples comme diviser le RSA en plusieurs enveloppes par semaine. »
Ainsi le CCAS déploie, avec le soutien de l’État, un dispositif d’accompagnement budgétaire avec une conseillère en économie sociale et familiale. L’atelier rencontre un franc succès avec 230 rendez-vous à la fin du mois de septembre (220 sur toute l’année 2021).
Il s’agit de donner des astuces pour dégager des marges de manœuvre dans le budget familial sans tomber dans la culpabilisation. En épluchant les dépenses et en réfléchissant à sa consommation, il est possible de dégager quelques dizaines d’euros pour se faire plaisir, aller au cinéma en famille…
L’aide aux personnes exilées
En octobre 2021, la municipalité a souhaité s’engager avec l’État en signant un Contrat Territorial d’Accueil et d’Intégration (CTAI). Trois axes prioritaires ont été retenus : le logement, la santé, la parentalité. En matière d’accès au logement, 34 ménages ont été accompagnés depuis le début du dispositif (dont une grande partie de familles ukrainiennes). Sur 15 « familles accueillantes » volontaires auprès du CCAS, 11 ont été mises en relation avec des ménages en provenance d’Ukraine.
La Ville de Tours souhaite élargir le dispositif aux personnes bénéficiant de la protection internationale.
Pour garantir l’accès à la santé, le dispositif s’appuie sur le Centre Porte Ouverte de l’association Émergence et Psy sans frontières et concerne plus de 200 personnes. Des permanences, des actions de prévention et de promotion de la santé s’organisent près des lieux de vie des bénéficiaires. Le suivi psychologique est également facilité depuis la mise en place, cet automne, d’ateliers collectifs d’art-thérapie.
Pour accompagner les bénéficiaires dans la parentalité, les actions ont porté sur la mise à disposition par la Ville de Tours de 10 places en crèches et halte-garderie pour les familles réfugiées monoparentales afin de faciliter l’insertion des parents. Une action spécifique sera lancée en janvier prochain. La Ville a lancé un Appel à Manifestation d’Intérêt pour des interventions auprès des parents afin de mettre en place des habitudes de vie de famille équitables pour chacun. Ce dispositif sera ouvert à tous les parents tourangeaux et notamment aux personnes primo-arrivantes
Logement des jeunes : Autonomise-Toit !
La Ville et le Département ont signé une convention pour le projet expérimental « Autonomise-Toit ! » dédié à l’accompagnement à l’autonomie des jeunes par l’accès au logement. À Tours, l’association Jeunesse et Habitat assure le suivi de parcours des jeunes concernés (126 entre avril 2021 et juillet 2022). Cinquante jeunes étaient encore en attente de cet accompagnement (un tiers est en situation d’hébergement très précaire et près de la moitié est logée par l’Aide Sociale à l’Enfance).
La Ville apporte son soutien à hauteur de 15 000 € – c’est l’objet de la convention – pour accompagner 25 jeunes sur les 4 derniers mois de l’année.