Apaiser la ville au bénéfice de toutes et tous en décarbonant les mobilités, telle est la feuille de route de la municipalité. Les tensions sur les ressources énergétiques, l’urgence climatique et l’engouement populaire pour les aménagements mis en place la confortent dans cette volonté et l’encouragent à aller plus loin.
L’Institut de l’économie pour le climat, dans son dernier rapport 1 , estime que les collectivités devraient dépenser 12 milliards d’euros chaque année (au lieu de 5 milliards actuellement) pour contribuer à la Stratégie Nationale Bas-Carbone et permettre à la France de respecter ses engagements de neutralité carbone d’ici 2050. Ces besoins d’investissements portent à 67 % sur la question des mobilités dont les aménagements cyclables, le financement du ferroviaire (le plus vertueux des transports publics) et des transports en commun. Pendant des années, à l’instar du Code de la route, la ville a été construite autour et pour la voiture. Depuis 15 ans, le Code de la route favorise une mobilité urbaine sécurisée, apaisée et plus durable (Carte et code en milieu de ce dossier).
Cette (r)évolution des mobilités, la municipalité a décidé dès 2020 de l’engager, confortée par l’expression d’une majorité d’électeurs aux municipales puis aux régionales et, enfin, aux législatives.
La Ville est au cœur des décisions portées par la Métropole (compétence infrastructure) et le Syndicat des Mobilités de Touraine (compétence mobilité). Les deux institutions finançant tout ou partie des opérations qui sont énumérées au fil de ce dossier.
Un investissement massif pour l’accessibilité
Christophe Boulanger, conseiller municipal va droit au but : « Il s’agit d’inverser les priorités en ville et de mieux partager l’espace public : d’abord les piétons vulnérables ou à mobilité réduite, les piétons valides, les cyclistes puis les transports en commun et, enfin, les voitures remplies en luttant contre " l’autosolisme ". » Pour assurer le bien-être et l’intégration dans la ville des personnes à mobilité réduite (PMR), la loi de 2005 instaure la notion de l’organisation de la « chaîne de déplacement » qui comprend le bâti, la voirie, les espaces publics, les transports et leur intermodalité.
Un Plan d’Accessibilité de la Voirie et des aménagements des Espaces Publics (PAVE) mis en place par la municipalité précédente en 2015 avec les associations représentant les personnes handicapées, continue d’être déployé tandis que la première phase de notre agenda d’accessibilité programmée (Ad’ap), dotée d’un budget de 8,4 millions d’euros par la municipalité actuelle, va permettre de rendre accessibles plus de 80 bâtiments communaux en 2023 et 2024. Le PAVE s’applique à l’ensemble des voiries de la ville et détermine le pourcentage d’accessibilité permettant ainsi à la collectivité de cibler chaque année (100 000 €) les travaux à engager pour rendre accessibles des itinéraires prioritaires.
Les crédits du PAVE porteront l’an prochain sur la mise en accessibilité de la rue Courteline. À l’entrée de la rue en provenance de la rue Léon-Boyer, des abaissements de trottoirs sont prévus pour faciliter les traversées piétonnes, les feux seront mis aux normes pour les aveugles et malvoyants (feux sonorisés 3 ) et une place de stationnement PMR implantée.
"Notre politique cyclable répond à une stratégie globale d’apaisement de l’espace public et de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre"
Martin Cohen, adjoint au maire chargé de la transition écologique et énergétique, conseiller métropolitain.
Zone à Faibles Émissions (ZFE) : le 1 er janvier 2025 à Tours
La loi climat et résilience de 2021 étend les Zones à Faibles Émissions-Mobilité (ZFE-M) d’ici fin 2024 aux agglomérations de plus de 150 000 habitants. Leur déploiement vise à réduire de 40 % la pollution de l’air en ville en 2025. Les 11 plus grandes métropoles l’ont déjà mis en œuvre, 33 autres devront donc s’y astreindre. Les services municipaux et métropolitains y travaillent. La ZFE-M permet de limiter la circulation des véhicules les plus polluants (vignettes Crit’Air 5 puis 4 puis 3) selon des plages horaires déterminées. Les collectivités sont libres de fixer des règles plus strictes. Plus de 240 agglomérations européennes ont déjà mis en place des « Low Emission Zones » (Zone à Faibles Émissions, en anglais).
Pour obtenir votre vignette Crit’Air (3,70 € frais d’envoi inclus), rendez-vous sur www.certificat-air.gouv.fr.
Méfiez-vous des intermédiaires et des sites frauduleux
Au niveau des croisements avec les rues Frédéric-Sauvage et Dabilly, les carrefours seront repris pour faciliter les cheminements et les traversées. À proximité de l’école, le parking et les deux places de stationnement PMR seront mis aux normes tout comme les traversées piétonnes. Le cheminement sera également repris lors de la sécurisation et de l’accessibilité du centre socioculturel Courteline. Les demandes récurrentes des associations sont également traitées. C’est le cas de la rampe d’accès à la guinguette depuis le parvis de la faculté des Tanneurs. Totalement impraticable par les fauteuils à cause des « pavés Napoléon » bombés, elle sera rendue accessible grâce à l’intervention des équipes municipales. Sur 2 m en largeur (la rampe s’étire sur 7 m de large), un cheminement plus lisse, agrémenté d’une rampe doit offrir une alternative au long détour par la bibliothèque municipale. Dans la mise en œuvre du PAVE, Martin Cohen peut compter sur son collègue Pascal Brun, conseiller municipal délégué au handicap. « Au-delà du PAVE, nous réinterrogeons chaque renouvellement du tapis voirie en vérifiant, de façade à façade, l’accessibilité des trottoirs avec la problématique des " émergences " – les potelets, les candélabres, les poubelles, etc. – qui peuvent gêner le parcours. Les carrefours sont analysés avec la mise en place de trottoirs traversants ou de bandes podotactiles... Tout ce qui peut faciliter le cheminement des personnes à mobilité réduite est finalement bénéfique pour tous les piétons. »
Lutter contre « l’autosolisme »
Selon une enquête sur les mobilités2 , 74 % des déplacements automobiles dans la Métropole s’effectuent avec une seule personne à bord. Une proportion qui monte à 99 % pour les trajets domicile-travail. Pour lutter contre « l’autosolisme », le SMT s’est appuyé sur Klaxit (www.klaxit.com), l’application de covoiturage, qui permet aux conducteurs de gagner jusqu’à 120 € par mois et aux passagers de voyager gratuitement dans cette première phase expérimentale. Par ailleurs, dix ans après son lancement à Tours, le service d’autopartage Citiz (citiz. coop) se déploie et permet de trouver une voiture 24 h/24 dans 10 stations à Tours et une à la gare de Saint-Pierre-des-Corps. Les deux dernières ont ouvert boulevard Preuilly et place Paul-Bert pour faciliter l’accès à ce service bénéfique pour tous puisqu’il permet d’éviter l’achat d’une voiture personnelle (1 voiture partagée = 5 à 8 voitures individuelles).
6 véloboxes dans les quartiers
Fer de lance de la révolution des mobilités voulue par la municipalité, la politique cyclable vient conforter un engouement sans précédent pour le vélo depuis la crise sanitaire : 2 400 vélos par jour sur le pont Wilson en 2022 contre 1 850 en 2019, doublement du nombre de passages dans la vélorue d’Entraigues mise en place cet été (650 en juin, 1 375 en septembre), etc.
La Métropole a voté cette année un budget record de 70 M€ (2022-2026) pour un réseau cyclable structurant composé de 13 itinéraires (29 km à Tours sur un total de 350 km). Soumis aux orientations de la Ville, ce réseau se déploie depuis 2020 autour de la gare et traite les « points noirs » identifiés par les associations, notamment le giratoire Saint-Sauveur dont les aménagements « à la néerlandaise » se terminent au moment de la sortie de ce numéro. Pour améliorer l’existant, la mairie s’attache à éliminer les discontinuités existantes et à fluidifier le trafic vélo (panneaux M12 cédez-le-passage cycliste, priorité aux feux...).
Après l’installation de la vélostation à la gare (120 places) et de 400 arceaux vélos depuis 2 ans, un nouvel abri vélo devrait être implanté à Tours nord par le SMT. Pour desservir les quartiers plus résidentiels, la Ville a fait l’acquisition de 6 véloboxes
Sur une place de parking, la vélobox sécurisée accueille 6 vélos.
RéMI : la Région vous fait préférer le train
La convention entre la Région Centre-Val de Loire et SNCF Voyageurs pour l’exploitation des TER sur la période 2022-2031 a été signée le 2 septembre. Les premières évolutions sont déjà visibles avec le renforcement de l’offre sur Tours-Loches ou l’augmentation des trains directs entre Tours et Orléans. Dans les années qui viennent, les voyageurs profiteront de dessertes plus nombreuses sur la ligne Paris-Orléans-Tours. L’offre TER est alléchante : abonnement domicile-travail plafonné à 100 € par mois (Mobillico), avantages pour les moins de 26 ans et les seniors (Rémi Liberté). Le billet Rémi permet, sur un trajet donné, de prendre indifféremment train ou car par paliers de 3 € selon la distance. Des cartes d’abonnement permettent de réduire fortement ces tarifs (jusqu’à – 66 %).
Des nouveaux panneaux pour apaiser la Ville
Pour sécuriser les mobilités, la Ville déploie petit à petit une signalétique adaptée à sa politique en faveur des modes actifs.
Les « rues des enfants »
(déjà 4 aménagées en 2022) permettront à la rentrée 2023 de sécuriser les abords d’une dizaine d’écoles via des piétonisations temporaires lors des entrées et sorties d’écoles.
pour les usagers qui n’ont pas la possibilité de garer leur vélo en toute sécurité dans un garage ou une cave. Début 2023, elles seront implantées dans le Vieux-Tours, aux Prébendes, à Lakanal-Strasbourg, Paul-Bert, Colbert et aux Halles. « On peut imaginer aller jusqu’à une vingtaine d’installations, indique Armelle Gallot-Lavallée. C’est le délégataire qui sera retenu par la Métropole pour la gestion de la concession des parkings souterrains qui s’en chargera. » La Ville de Tours transfère en effet la propriété des parkings souterrains à la Métropole pour lui permettre d’exercer pleinement ses compétences (5 l’ont été lors du conseil municipal de septembre, d’autres le seront plus tard). « Ces parkings ont nécessité des investissements publics conséquents, rappelle Christophe Boulanger. Mais ils ne font pas tous le plein. Dans notre objectif de partage de l’espace public, nous voulons les remplir pour libérer des espaces en extérieur. »
Certaines places libérées serviront à implanter des « stations vélos » pour le déploiement d’une flotte en libre-service. Une première tentative en 2018 s’était arrêtée en 2021 à l’initiative de l’opérateur, Indigo Weel (lire à ce sujet p. 13), mais les élus ont la volonté de proposer ce nouveau service complémentaire à l’offre de location de vélo longue durée Vélociti.
« Nous avons rencontré de nouveaux opérateurs et la technologie a énormément progressé avec une précision de la géolocalisation à quelques centimètres près, explique Christophe Boulanger. Si le vélo n’est pas déposé sur la place dédiée, le compteur de la facturation continue de tourner. »
La circulation et le stationnement à l’étude
La municipalité de Tours porte une politique de transition des mobilités visant à s’assurer d’un meilleur partage de l’espace public tout en assurant à chaque mode une juste place dans un cœur urbain apaisé. De grands projets urbains (la 2e ligne de tramway et la ligne de bus à haut niveau de service BHNS notamment) vont émerger au cours des prochaines années et vont modifier profondément les circulations et le stationnement, mais aussi générer de nouveaux déplacements. La Ville de Tours va mener deux études sur la circulation et sur le stationnement. La première permettra de définir un plan de circulation hiérarchisé favorisant les alternatives à l’autosolisme en lien avec la prochaine mise en place d’une « Zone à Faibles émissions » (lire encadré p.16), en apaisant les quartiers par un report du trafic de transit sur les axes structurants. L’étude sur le stationnement portera sur la définition du nombre de places nécessaires en surface, le périmètre de la zone payante et ses tarifs dans les quartiers concernés par la 2e ligne de tramway, la future ligne BHNS (lire Tours Mag n° 217) mais aussi les zones où la pression est forte (gare, 2 Lions, Monconseil...). Ce travail sera réalisé en lien avec la nouvelle offre de stationnement en parc souterrain. Au premier semestre 2023, une connexion piétonne et cycliste sera créée sur le boulevard Maréchal-Juin entre la rue Ronsard et l’impasse Henri IV.
« La marge de progression pour la pratique du vélo, c’est la sécurité. Beaucoup de gens ne prennent pas leur vélo car ils ont encore peur de circuler en ville. »
Armelle Gallot-Lavallée, conseillère municipale déléguée pour la mise en place du système vélo, pour les aménagements transitoires, le code de la rue, la sécurité routière et les mobilités de proximité, conseillère métropolitaine et membre du Syndicat des Mobilités de Touraine.
Bus et tram : du nouveau sur les lignes
La desserte s’est renforcée à la rentrée sur le secteur de Rochepinard avec les lignes 16, 4 et 19 pour répondre aux besoins du public (salariés, élèves, sportifs...) avec 2 nouveaux arrêts « Parc Expo » et « Vallée du Cher ». Très attendue par les étudiants et la sécurité routière, la ligne de bus de nuit fait son grand retour à 1 h, 2 h, 3 h et 4 h le jeudi, vendredi et samedi (sauf l’été, le 24 décembre et le 30 avril) avec 4 départs et arrivées à la gare en passant par le centre-ville et les résidences étudiantes (Rabelais, 2 Lions, Grandmont, Fontaines, Liberté). Un agent de sécurité est présent à bord pour la tranquillité lors des voyages. Pour tout savoir sur la 2e ligne de tram, le Syndicat des Mobilités a mis en ligne un nouveau site internet avec la genèse du projet et ses caractéristiques, l’avancement des études, les réunions publiques, les travaux à venir... Un formulaire permet de poser des questions dont les plus fréquentes seront compilées dans une « Foire aux Questions ».
Il s’agit de sécuriser les traversées entre ces deux secteurs, séparés par un boulevard très fréquenté, qui connaissent d’importantes opérations immobilières depuis plusieurs mois. Le chantier prévoit même une rampe depuis l’impasse Henri IV. D’autres opérations contribueront à faciliter les mobilités douces : sur la place Choiseul, quais Portillon et Paul-Bert, dans le quartier des 2 Lions avec de nouvelles pistes cyclables bidirectionnelles sur les avenues Marcel-Dassault et Édouard-Michelin, dans le quartier Blanqui au niveau de la traversée entre les rues Jolivet et René de Prie puis dans le quartier Lamartine pour la traversée de la rue Léon-Boyer.
Respecter le code de la route et sécuriser les plus vulnérables
Jusqu'aux années 90, le code de la route visait à faciliter la circulation automobile. La mutualisation opéré par la suite a permis d’abaisser la vitesse à 50 km/h en ville, de créer les aires piétonnes et les zones 30.
Depuis une dizaine d'années, de nouvelles règles sont apparues au profit des piétons et des cyclistes, formant un "code de la rue" au service d'une mobilité urbaine sécurisée, apaisée et durable.